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    Peur de la rue

     

    Cette peur visceralgique de me retrouver à la rue me tenaille depuis mon arrivée à Paris. C’est à dire depuis que je vis seule.

    Combien de fois, combien de jours, suis-je passée devant un SDF, dont un justement à Paris.

    Il était réfugié dans la porte d’un magasin de fourniture de bureau d’où s’échappaient surement un peu de chaleur en son dessous et peut être même en son travers.

    Cet hiver-là, particulièrement rigoureux, la neige s’était installée sur Paris et sur cette avenue Victor Hugo où je travaillais.

    Chaque soir je sortais de chezmoi, un petit pavillon de banlieue et je devais traverser un jardin tout enneigé dont les allées avaient nettoyées  tant bien que mal et qui étaient toutes verglacées.

    Le portail passé, un épais tapis de neige, c’était superbe !

    Il me fallait néanmoins ne marcher que dans la trace laissée par les routes des voitures, un kilomètre me séparait de la gare d’Aulnay.

    Je montais ensuite dans ce train bondé, côtoyant des gens qui ne devait pas être amis avec l’eau et le savon !

    Arrivée en Gare du Nord, une autre peur et pourtant je ne suis pas agoraphobe ! Mais la foule présente n’était pas du tout rassurante, la bousculade sévissait jusqu’à atteindre le métro. Et puis j’arrivais à la station Trocadéro. Il est curieux de voir le changement de population qui se produit entre la gare du Nord et la station Trocadéro et pourtant …

    Le SDF était là, sous sa couette dans le chambranle de la porte du magasin, comme tous les soirs. Parfois je lui donnais un sou parfois un sandwich, parfois je ne lui disais que : « bonsoir ». Il ne me réclamait jamais rien répondant à mon bonjour, mais on n’osait pas se parler.

    Mais toujours je pensais qu’il me fallait être vigilante pour ne pas être comme lui, dehors, au froid à la rue, en danger peut être par le froid et aussi par les gens. J’étais  pourtant à l’abri du besoin puisque je travaillais et que j’aidais même mon fils ainé qui avait deux magasins d’informatique. Nonobstant je ne pouvais m’empêcher de penser à cela.

    Aujourd’hui ce qui me fait rédiger ce billet c’est d’avoir visionné hier soir cette émission qui parlait des gens non sédentaires, par choix, surement ce choix a-t-il été dicté par le vécu des personnes.

    Ma nuit fut donc presque cauchemardesque, car cette peur que …. Le recalcule, dans la nuit de ma retraite, moins mes charges, combien il me reste ?

    Des questions se posaient : dois-je rester dans cet appartement qui me coute si cher en chauffage ?

    Dois-je repartir à Montpellier ou je n’aurais pour ressources que cette petite retraite et quelques heures d’auxiliaire de vie, tant que je pourrais le faire.


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